Quel fonctionnement démocratique pour le MJCF ?
par Bastien BonnargentStructurer le MJCF au plus près des jeunes !
Lors de notre dernière Assemblée Nationale des animateurs et animatrices du MJCF, les délégués du mouvement ont décidé collectivement de mettre l’effort sur la création de groupes militants au plus proche de la réalité des jeunes. Cette perspective est une priorité pour le MJCF. A l’heure où le gouvernement d’Emmanuel Macron enchaîne les réformes plus libérales les unes que les autres, particulièrement à charge de la jeunesse (éducation, accès à l’emploi, protection sociale…), les organisations de jeunesse sont dans un état de faiblesse historique, incapable de répondre aux besoins et aspirations des jeunes.
Structure d’organisation et bataille idéologique
La faiblesse des mobilisations lycéennes et étudiantes de cette année en est une conséquence alarmante. Ces dernières n’ont pas été massives et peu structurées, tant sur le fond, que sur la forme.
En témoigne la mobilisation lycéenne amorcée par l’Union Nationale Lycéenne (UNL) au mois de mai : celle-ci, au-delà de son caractère épars, s’est construite autour de revendications bancales, bien que populaires chez les lycéennes et lycéens : l’annulation des épreuves de philo et du grand oral, et la mise en place complète du contrôle continu pour le Bac 2021. Cependant, bien que ces revendications mènent à un objectif clair, celui-ci n’en est pas moins problématique : la mise en place du contrôle continu, nourrissant la sélection à l’entrée de l’université amorcée par parcoursup, est un tremplin vers les inégalités sociales, faisant table rase du cadrage national du Baccalauréat. Ainsi les revendications portées par le MJCF sont quant à elles passées à la trappe : abrogation de la réforme Blanquer et de la loi ORE, plan d’investissement massif dans l’EN et ES, mise en place d’un Baccalauréat à valeur nationale…
Une présence quotidienne et la création de groupes militant sur les lycées aurait certainement pu permettre au mouvement d’identifier ces dernières. Les faits sont têtus, dans ce cas-ci, les organisations syndicales, en pleine perte de vitesse, ont décidé de concentrer la mobilisation autour d’une revendication populaire, mais peu cohérente, voire contradictoire, avec l’analyse habituelle et la critique sévère de la réforme Blanquer. Bien que le mouvement ait eu une certaine ampleur avec le blocus simultané de plusieurs établissements du secondaire, il n’a obtenu aucune victoire concrète et n’a pas permis aux organisations concernées de se renforcer. Après coup, il est pour nous primordial de comprendre cette défaite idéologique et il semblerait qu’une partie de la réponse se trouve dans l’absence de structure militante solide au sein même des établissements du secondaire. Le lien indissociable entre le combat idéologique, revendicatif, et la structuration des organisations de jeunesse apparaît comme une évidence.
Les mobilisations spontanées émergeant de manière somme-toute arbitraire et ne bénéficiant d’aucune structure d’organisation solide, semble laisser libre court à de possibles dérives opportunistes qui ne permettent pas de construire un projet politique sérieux, abouti et révolutionnaire. A l’inverse, créer des structures militantes au plus proche de la jeunesse, c’est permettre de faire émerger des revendications au plus proche de leurs réalités, connectés à leurs besoins et aspirations.
Lutter contre la désertion des jeunes de l’exercice démocratique
Ainsi le second constat qui s’offre à nous est celui résultant des élections régionales et départementales qui ont eu lieu les 20 et 27 juin 2021. Si le taux d’abstention atteint des records, il est particulièrement alarmant chez les jeunes de moins de 25 ans (84% d’abstention au premier tour des élections selon un sondage de l’Ifop).
Au delà du facteur Covid, qui selon les instituts de sondage, n’a pas joué un rôle aussi important que l’on a pu l’entendre (toujours selon l’Ifop, au premier tour des élections régionales et départementales, seulement 8% des sondés abstentionnistes affirment ne pas être allé voter à causes des “risques d’être affecté par le Covid-19 en allant voter”.), l’analyse de ces élections semblent révéler un malaise bien plus complexe : une déconnection de plus en plus profonde entre l’intérêt politique et les jeunes, qui subissent d’une part les réformes libérales et de l’autre, la répression des mobilisations.
Pour autant, la participation à la vie politique doit-être au cœur de la vie des jeunes de quelques horizons qu’ils soient, et la pratique démocratique ne peut être résumé à la participation arbitraire à une élection déconnectée de la réalité des jeunes et incapable de répondre à leurs aspirations. Cette dernière doit-être quotidienne est exercée sur les lieux qui rassemblent la jeunesse : lycées généraux, technologiques et professionnels, campus et lieux d’enseignements supérieurs, résidences universitaires, CFA… Ainsi, le MJCF doit se donner pour ambition d’organiser le plus grand nombre de jeunes, partant de leurs réalités concrètes, autour de batailles gagnables, locales et nationales. Cette perspective permet d’avoir une adresse auprès des jeunes et quelque chose de concret à leurs proposer : s’engager et adhérer dans l’objectif de mener de campagnes structurantes.
Quelles perspectives politiques pour notre vision de l’organisation ?
De notre structuration dépendent nos perspectives politiques. Le MJCF doit pousser à la création de groupes militants partout où cela est possible, au plus proche de la réalité des jeunes : lycées, campus, résidences étudiantes… Les jeunes communistes doivent investir les lieux de jeunesse et organiser les lycéens et étudiants autour de problématiques concrètes qui font frein à leur émancipation. Quid de mieux pour redonner intérêt à un lycéen dans l’action politique et militante que de le mettre en dynamique autour des problèmes soulevés par les spécificités inhérentes à son établissement ? De la même façon, comment lutter efficacement contre la précarité étudiante sans s’attaquer aux problématiques locales au sein de chaque résidence étudiante ? De ce fait, le groupe militant doit être le champ de bataille de la lutte des classes.
C’est dans ce cadre-ci et en adaptant nos réflexes d’organisation que nous devons mener pleinement la bataille de l’adhésion sur un mot d’ordre clair : faire grandir le MJCF et ses structures militantes, c’est augmenter le rapport de force. Tout en interrogeant les jeunes sur des problématiques au plus proches de leurs réalités, autour de batailles locales et gagnables, ces dynamiques entrent pleinement dans le cadre de nos campagnes nationales et donc participent à une analyse globale de la société. C’est en se structurant que nous pourrons nous implanter auprès des jeunes. C’est en nous implantant auprès des jeunes que nous pourrons nous structurer. Cette organisation de nos forces militantes doit permettre à la fois de porter les revendications des jeunes, au plus proches de leurs quotidiens, faisant du MJCF l’organisation de référence en terme de politique de jeunesse, d’autant plus en cette année de campagne présidentielle, mais aussi de mener des batailles concrètes et d’obtenir des victoires.
Porter l’effort dans la structuration des jeunes sur les lycées
Ainsi, un effort particulier doit être porté à l’attention des lycées. D’abord, parce que ces lieux forment une concentration exceptionnelle de jeunes, venant de tout horizon social, et dont les orientations futures sont larges et variées (dans l’Enseignement Supérieur, l’Enseignement Professionnel, ou bien, directement dans la vie active…).
Par ailleurs, les lycées ont été la cible particulière du quinquennat d’Emmanuel Macron qui a porté une attention toute particulière à la mise en place d’un système de sélection pleinement inégalitaire. Parcoursup, réforme du bac et du bac pro, loi ORE… Nombreuses ont été les attaques, qui mènent toutes vers une même perspective politique. Face à cela, l’enjeu pour le MJCF est fort : porter un projet politique ambitieux et en rupture totale avec la vision capitaliste de l’éducation. L’attention doit donc être portée à la création de groupes militants spécifiques à chaque lycée, d’abord en mobilisant les adhérents vivant à proximité de ces lycées, puis avec les lycéens eux-mêmes. Ces groupes doivent être en contact régulier avec les lycéens, en militant au minimum une fois par semaine avec du matériel spécifique, exposant nos revendications nationales et locales. Une fois structuré, c’est de ces groupes que doivent partir les mobilisations sociales. Ils permettront au MJCF de se renforcer, d’abord numériquement, avec les lycéens que nous croiserons chaque semaine, et qui finiront par adhérer. Puis quantitativement : grâce à des pratiques militantes régulières et ciblées, nous pourrons améliorer notre adresse auprès des jeunes et nos analyses.
Communistes de toutes les fédérations, structurons-nous !
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