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par Eva Mae Flanagan

L’agriculture française : face à la précarité, un futur incertain

L’Agriculture représente l’un des piliers fondamentaux de la société car, sans elle, le besoin le plus primitif de la population, celui de manger à sa faim, ne serait pas satisfaite.

Pourtant, nos producteurs, acteurs essentiels au sein notre communauté , sont souvent négligés dans les discussions d’actualités politiques. Ceci alors que le secteur agricole figure parmi les domaines les plus touchés par la dépression (16,5% des agriculteurs souffrent de cette maladie mentale contre 9,8% de la population) et conséquemment, 1 agriculteur par jour se donne la mort suite au sentiment de détresse que lui provoque sa situation.

En effet, la réalité difficile des agriculteurs passe souvent inaperçue dans les médias et les actualités. Ces derniers contribuent même à ce qu’une partie du peuple tourne le dos à ceux et celles qui travaillent pour le nourrir car ils creusent davantage la brèche entre le monde des consommateurs et le monde agricole. Ils font ceci en dressant le portrait d’un agriculteur responsable de l’empoisonnement de sa production avec des pesticides et d’autres produits chimiques ainsi que la maltraitance animale.

Ces grands diffuseurs d’actualités omettent cependant de mentionner la cause de l’emploi de ces techniques controversées: celui d’obtenir le meilleur rendement afin de ne pas couler dans les flots destructeurs du capitalisme. Ils manquent également de mentionner que chacun de ces producteurs a une véritable passion pour son métier, un amour pour sa production, pour ses animaux, pour sa ferme auxquels il dédie sa vie et pour lesquels il doit lutter car dans le monde actuel la menace de tout perdre plane telle une épée de damoclès perpétuel au dessus de leurs têtes.

Il est donc primordial d’étudier la situation auxquels sont confrontés les agriculteurs en France et de s’interroger en quoi, nous, en tant que mouvement de jeunesse, avons un rôle à jouer dans l’amélioration de cette situation.

La France étant la première puissance agricole européenne, il est facile de se méprendre et de penser que l’agriculture est un secteur d’activité lucratif. Cependant les agriculteurs français se trouvent confrontés à une situation financière terrible. En effet, nombreux sont ceux et celles menacés par la liquidation ou bien les redressements financiers.

La cause de cette détresse financière n’est autre que la crise économique auquel est sujet le monde agricole depuis le XIXème siècle. Cette crise est une conséquence directe de la mondialisation, donc de l’étalement du Capitalisme à l’échelle mondiale, qui a provoqué une concurrence internationale accrue, la perte de compétitivité des agriculteurs français, une volatilité des prix ainsi qu’une tendance vers la baisse des prix.

Le monde de la consommation privilégie, non pas une production au prix qui rémunère équitablement l’agriculteur pour son travail et la qualité du produit, mais une production de grande quantité à prix bas. Ainsi, les grandes enseignes de distribution préfèrent importer des produits d’ailleurs, profitant ainsi de l’obtention d’une grande quantité de produits à prix rabaissé, sans considération pour les techniques employées pour assurer un rendement aussi élevé. En effet, les grands distributeurs alimentaires privilégie toujours l’importation, bien que l’on commence à constater une évolution de la mentalité de consommation

C’est également elles qui dictent la valeur d’un produit sur le marché car elles n’achètent que les produits qu’elle juge comme étant de prix intéressant, ôtant ainsi l’agriculteur la possibilité de faire entendre sa voix et d’obtenir une rémunération équitable pour le travail qu’il a fourni. L’utilisation des certaines techniques afin d’accroître le rendement devient alors une nécessité pour augmenter sa compétitivité. Des techniques tel que l’emploi de pesticides afin d’empêcher la perte d’une partie du rendement dûs aux insectes, aux champignons parasites ou bien aux mauvaises herbes.

Bien qu’il existe aujourd’hui, des lois imposées par l’Union Européenne qui limitent l’emploi de pesticides et régissent les lois concernant le bien être animal, ces sujets sont souvent sujet de polémique pour une partie des agriculteurs qui jugent nécessaires ces techniques pour assurer un bon rendement.

Il est important de noter qu’en France, le consommateur conserve tout de même un grand intérêt, notamment en milieu rural, pour la provenance des aliments et leur qualité. Ainsi l’on constate, en France, le succès de programmes qui assure la bonne provenance des produits alimentaires tel que Label Rouge ou bien les produits certifiés bio. C’est également pour cette raison que l’on voit la perpétuation des marchés traditionnels ainsi que le succès du programme d’Appellation Contrôlée en France. Cependant la majorité des consommateurs trouvent les produits issus de ces programmes chers et privilégient donc les produits aux prix les plus bas souvent issus de l’exportation.

Le consommateur tient donc un discours ambivalent, il veut à la fois un prix bas pour ces produits mais se souciant de la qualité de ces derniers, reproche aux agriculteurs l’emploi de techniques controversées, notamment au vu des rapports sortis qui démontrent les effets négatifs que ces produits ont sur la santé publique.

Il est important de souligner que la France exporte, dans la plupart des cas, ses produits agricoles vers d’autres pays tel que l’Italie par exemple pour la viande bovine et importe énormément de produits destinés à la consommation de ses habitants de l’étranger également.

Nous pouvons donc constater qu’il existe un rapport bien différent entre les consommateurs issus de milieux ruraux et le monde agricole, comparé au lien entretenu entre les consommateurs issus de zones urbaines et les agriculteurs. On note tout de même que les français ont tout de même un intérêt marqué pour la qualité de leurs produits alimentaires mais privilégient la consommation de produits moins chers.

Les zones urbaines étant moins en contact avec le monde agricole, se fient souvent à l’image de ce monde reflété dans les médias. Les médias, bien que l’on voit le reportage occasionnel sur la crise agricole et sur l’agriculture, mettent surtout en avant les sujets en tendance tel que la maltraitance animale et la polémique autour de l’emploi des pesticides. Ainsi du monde agricole, le téléspectateur retient notamment les aspects négatifs et forme donc une vision déformé du monde agricole. Ceci vient s’ajouter aux préjugés qui alimentent le portrait péjoratif de l’agriculteur dans la société générale. Nourris de ces fausses impressions, nous voyons dans les actualités des actes honteux tel que des militants radicaux qui tirent les agriculteurs de leurs tracteurs et dégradent leurs matériels.

Les fermiers se trouvent donc diabolisés par une partie de la population française et sont perçus de manière assez péjoratif par les consommateurs notamment issus des milieux urbaines qui n’apercoivent pas la réalité de l’agriculture en France. A ce sentiment d’abandon vient s’ajouter le surendettement et la pression mise sur les producteurs par les créanciers qui ne voit pas l’être humain mais un ensemble de biens, de chiffres à collecter. Le stress provoqué par le stress financier et le sentiment d’abandon est accru par la surcharge de travail et le manque de sommeil. En effet, 77% des agriculteurs français travaillent 50h par semaine et 21% de plus, travaille plus de 70h par semaine. Ceci fait que les producteurs sont souvent sujets à l’isolement professionnel et social. L’agriculteur se trouve seul face à une montagne de problèmes qui lui semble insurmontable. L’impression de n’avoir aucune emprise sur son destin l’envahit, il ne sait pas vers qui tourner, comment demander de l’aide pour une situation qui semble n’avoir aucune solution. L’agriculteur se trouve donc proie au burn-out et éventuellement, se trouve poussé jusqu’au suicide. Effectivement, 31,5% d’agriculteurs sont en situation de risques de burn-out contre 17,5% dans d’autres catégories de chefs d’entreprise. Pourtant même si ce chiffre semble énorme, le chiffre le plus parlant en rapport avec la situation de l’agriculteur français est celui du taux de suicide. En effet, en 2015, on note 372 suicides d’agriculteurs en France, soit plus d’un agriculteur tous les jours. Ce nombre s’accroît en 2016 avec 529 suicidés parmi les agriculteurs selon Santé Publique. Huit cas sur dix parmi ces suicides, sont des hommes parmi lesquels 2/3 sont des hommes de 45 à 65 ans. Ainsi, l’agriculture est l’une des domaines particulièrement à risque de troubles mentales et de suicides.
Dans le monde actuel, il est difficile de s’établir seul en tant qu’entreprise agricole sans s’endetter à moins de reprendre l’élevage familiale. Le jeune agriculteur est donc contraint à prendre un prêt pour pouvoir payer pour son terrain, les matériels nécessaires ainsi que son élevage. Cependant ces dettes sont difficiles à repayer au vu de la crise économique qui fait fléau dans le monde agricole. Le stress devient donc bientôt le quotidien de ces jeunes poursuivant leur passion. Dans le cas, du jeune reprenant l’élevage familiale, il se voit l’héritier des difficultés financières de ces parents et des dettes de ces derniers. Ces jeunes ont également un nombre de débouchés réduits et il est difficile de trouver du travail en tant qu’ouvrier agricole au vu du nombre limité d’emploi qui s’offrent à eux. En effet, l’une des raisons pour la surcharge de travail que connaissent les agriculteurs est le manque de fonds pour employer de l’aide. On remarque d’ailleurs un décroissement ( 13 925 installations en 2018, 394 de moins qu’en 2017) assez importante dans le nombre de jeunes agriculteurs s’installant notamment dans l’élevage.

L’installation des jeunes agriculteurs est également rendue compliqué par un dispositif d’accompagnement restrictif. En effet, l’exercice du métier nécessite encore davantage de diplômes, de stages obligatoires et de suivi post-diplôme. Ainsi, l’accès à l’agriculture est particulièrement difficile pour les jeunes agriculteurs à qui n’est pas promis un avenir prometteur.
En tant qu’organisation de jeunesse et par ce fait représentants des consommateurs du futur, c’est notre rôle de renouer le lien entre les consommateurs en milieu urbain et les agriculteurs, notre rôle de continuer à faire évoluer la mentalité de consommation afin d’assurer des prix équitables pour nos agriculteurs locaux et enfin notre rôle d’assurer le futur de ces piliers de la société en militant pour la facilitation de l’installation des jeunes agriculteurs.

Nous devons promouvoir une consommation de qualité, locale, respectueux des agriculteurs et de l’environnement. Pour ceci, nous devons organiser des actions de sensibilisation qui réunissent consommateurs et agriculteurs en travaillant avec des organisations agricoles locales ( conférence, ciné-débat, diffusion de tracts).

Nous devons également militer pour la fin de la politique de libre échange qui mets à mal l’agriculture européenne puis appuyer les revendications des Jeunes Agriculteurs. Ils revendiquent notamment un DJA unique, revalorisé en milieu défavorisé ; le cautionnement par l’Etat des prêts liés à l’installation ; simplifier le parcours et enfin corriger le mode de calcul du taux de renouvellement. Il faut également promouvoir les associations qui aident les agriculteurs à se redresser financièrement, offrent du soutien psychologique et de l’accompagnement personnalisé (tel que Solidarités Paysans).

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