Quelles revendications du MJCF pour sortir de la précarité étudiante ?
par Chloë JARDINAUDUne place pour l’UEC dans le milieu universitaire
Militer sur nos universités n’a jamais été aussi difficile. Sans parler du contexte sanitaire qui ne fait qu’exacerber les difficultés auxquelles nous faisons face depuis des années, les réformes libérales mises en place par les gouvernements successifs renforcent 3 sentiments (impuissance, immobilisme et individualisme) au sein du milieu étudiant. Cette transformation des schèmes d’action et de réaction du milieu étudiant déstabilise les organisations “de gauche” sur les universités. Seuls le corporatisme et la méritocratie sortent gagnants de ce changement.
Nous le voyons au quotidien, il est de plus en plus difficile de militer UEC dans nos universités non seulement parce que le mot “communiste” peut faire peur (dû à notre connexion permanente à l’idéologie dominante) mais également parce que les étudiant.e.s ne voient plus l’intérêt de se mobiliser. L’augmentation des facs interdisant à des organisations politiques de militer en leur sein est également un facteur de difficulté.
Pour autant, nous ne sommes pas seuls face à ces difficultés, les syndicats étudiants se fracturent et perdent un poids considérable au sein du Ministère.
La deuxième difficulté de l’UEC en particulier est de ne pas savoir quelle place elle doit prendre au sein des universités. Des contributions comme celle sur la nécessité d’une campagne structurante ou celle sur la place de notre branche étudiante dans les conseils apportent des éléments de réponse intéressants mais pas suffisants.
L’UEC est une organisation POLITIQUE et doit cesser de vouloir faire du syndicalisme sur les universités, ce n’est pas son rôle et elle n’en n’a pas les compétences. Mais même si la place de l’UEC n’est pas syndicale nous avons besoin de nous ancrer dans le milieu universitaire afin de changer les mentalités des étudiant.e.s, leur redonner foi en la solidarité et la force du collectif en revendiquant de nouveaux droits grâce à l’organisation collective.
Il existe 3 formes d’organisations sur l’université : les organisations politiques, les syndicats et les associations étudiantes (BDE, associations d’étudiant.e.s étranger.e.s, etc.). On voit pourtant de plus en plus apparaître de nouvelles organisations comme au sein de la société, des collectifs féministes, écolos ou encore LGBTI+. Chacune de ces organisations a un rôle bien précis qu’elle doit comprendre pour pouvoir évoluer de manière la plus optimale dans cet écosystème.
– Les associations sont là pour créer de la vie sur le campus et de l’entraide. Que ce soit en organisant des soirées d’intégration, des parrainages entre les différents niveaux d’une filière, des cafés-débats, la mise en commun des cours avant les partiels, etc. elles participent activement à la création d’un lien entre les étudiant.e.s et à la solidarité dans une promo (il en est de même pour les associations d’étudiant.e.s étranger.e.s par exemple).
– Les syndicats sont là pour défendre les intérêts matériels et moraux des étudiant.e.s. Pour ce faire, ils se basent sur des méthodes similaires à des syndicats professionnels en informant les étudiant.e.s de leurs droits et des réformes les touchant combiné à de la défense individuelle et collective. Ils organisent des actions de solidarité concrète également en apportant un discours syndical (ex : bourse aux livres, distributions alimentaires, ventes de sandwichs à 1€, etc.). Le militantisme au quotidien sur les universités, leur présence dans les conseils et leur travail juridique sur les réformes touchant le milieu universitaire font d’eux des experts de leur milieu. Les syndicats connaissent généralement bien les rouages de l’université et défendent concrètement les étudiant.e.s.
– Les organisations politiques comme l’UEC sont de moins en moins présentes dû à des évolutions dans les formes d’engagement des étudiant.e.s (associations féministes, écologistes, etc.) et dans les politiques des universités de plus en plus hostiles à la présence d’organisations politiques sur leurs sites. Pour autant, leur place n’est pas remise en cause par les autres associations et leur rôle est très important pour permettre aux étudiant.e.s de s’émanciper. L’UEC doit s’ancrer dans nos universités en proposant un projet alternatif à la vision libérale des gouvernements qui se sont succédé. En s’imposant comme l’organisation qui remet au centre des débats l’accès pour tou.te.s à la filière de son choix, la gratuité des études, la place des étudiant.e.s dans la production (en tant que producteur intellectuel, travailleur en formation), en parlant de pédagogie, de l’Université telle que les communistes la conçoivent.
Ces 3 modes d’organisation ont chacun leur place et leurs relations sont dialectiques. L’organisation politique doit permettre à chacun.e de trouver sa place et de s’organiser pour redonner du sens à l’Université en se rapprochant des associations et syndicats présents sur la fac. Promouvoir une vision et une organisation communiste c’est permettre à chacun de jouer son rôle correctement. En élevant la conscience de classe d’un.e étudiant.e grâce au syndicat (en le défendant ou en lui expliquant une réforme comme Bienvenue en France par exemple) et en leur permettant d’être solidaires via les associations (système de parrainage, partage des cours) il devient beaucoup plus facile de les convaincre de l’importance de la lutte contre les capitalistes.
C’est aussi pour ces raisons que l’UEC n’a pas sa place dans les conseils de l’université. Elle ne pourra pas jouer son rôle d’organisation révolutionnaire en s’impliquant dans un calendrier électoral souvent très lourd et avec peu de choses à lui apporter. Travailler de concert avec les syndicalistes étudiant.e.s sur cette question, faire des listes communes est la meilleure solution pour notre organisation. Cela permettrait de combiner analyse politique et travail syndical pour permettre aux camarades d’avoir une expertise de leur milieu et de comprendre les rouages de l’Université sans perdre de temps et d’énergie sur ces échéances.
L’UEC doit être le moteur de la transformation des universités mais ne pourra l’être qu’en travaillant main dans la main avec les syndicats et associations présentes sur la fac. En travaillant collectivement nous pourrons gagner en expertise du milieu universitaire grâce aux syndicalistes et en visibilité grâce aux associations. Les syndicats peuvent nous apporter des élu.e.s permettant à des camarades communistes d’être sur leurs listes et en les formant correctement ce que nous ne sommes pas en capacité de faire actuellement excepté dans quelques sections. Les associations peuvent nous permettre de proposer des activités riches comme des ciné-débats, des conférences, etc. pour redonner goût à la recherche scientifique, au débat et donc à des analyses matérielles du monde qui nous entoure. Il est important que chaque militant.e communiste se syndique et adhère à son BDE ou association de filière. Ces organisations sont une porte d’entrée à l’engagement dans une organisation politique.
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