Quelle campagne du MJCF sur l'éducation ?
par Pierre BioretMenons la réflexion pour un projet révolutionnaire sur l’éducation !
Cette contribution n’a pas vocation à apporter des réponses immédiates, mais surtout des questions sur la manière dont nous devons, jeunes communistes, élaborer un projet révolutionnaire pour l’éducation. Il ne s’agira donc pas de critiquer les positions actuelles du MJCF quant à l’éducation, mais de chercher une manière de compléter les revendications existantes sur le sujet, pour qu’en découle un projet global.
Si notre mouvement dispose aujourd’hui de revendications solides en termes d’accès à l’éducation (gratuité d’accès, suppression de la sélection, etc.) et d’organisation générale de celle-ci (investissement et recrutement massifs, statut de travailleur en formation, etc.), nous n’avons que peu de revendications quant au but que nous prêtons, en tant que communistes, à l’éducation. Autrement dit, pour nous, à quoi doit servir l’éducation ? A former des travailleurs, par un bagage de compétences ? A instruire une élite ? Cette question est d’autant plus importante que la bourgeoisie libérale a, elle, ses projets pour l’éducation, et qu’il est nécessaire que nous portions un projet un projet révolutionnaire permettant de répondre à cette question en articulant le rapport entre éducation, travail et société.
Une manière pratique de résumer ce projet serait, il me semble, que l’éducation a vocation à former des citoyens. Une autre question vient se poser en conséquence : quel est le contenu pédagogique qui répond à cette formation de citoyens ? A mes yeux, les revendications que nous portons sur le passage du permis de conduire au sein du cursus scolaire, et la mise en place d’une éducation à la vie sexuelle et affective apportent une ébauche de réponse pertinente, dans le mesure où elles répondent à des enjeux qui ne concernent plus exclusivement l’avenir professionnel, mais plutôt la manière dont les individus vont pouvoir s’épanouir dans la société. L’éducation civique et morale, si elle est aujourd’hui relativement insuffisante (il suffit d’observer le taux d’abstention des jeunes aux élections pour constater un échec à susciter la conscience politique) peut également être conçue comme une tentative (qu’il nous faut bien sûr critiquer) de répondre à cette question du rôle de l’éducation vis-à-vis de la citoyenneté.
Devant ce constat, nous pouvons identifier deux tâches pour le MJCF : la première doit être de déterminer un projet politique global pour l’éducation, en parvenant à la fois à définir le projet libéral actuellement en cours, et d’y répondre par notre vision révolutionnaire de l’éducation. La deuxième tâche consiste à trouver les revendications les plus adaptées à ce projet révolutionnaire. Un exemple de revendication sur ce point pourrait être celui de la formation à la tenue d’un foyer : aujourd’hui, ce sont principalement les critères familiaux, donc sociaux qui régissent cette “activité” commune à tous les citoyens, ce qui participe à causer de nombreuses inégalités entre et au sein des familles. Cette contribution a donc pour objectif de proposer une réflexion globale sur l’éducation, qui permette d’articuler les questions d’accès, d’organisation et de contenu autour de l’enjeu qu’est la citoyenneté. A ce titre, nous pourrions nous inspirer, pour la méthode, du plan Langevin-Wallon amorcé par le CNR qui, même s’il n’a pas abouti, est devenu une référence dans le domaine de l’éducation populaire. En outre, travailler en coordination avec le réseau École du PCF permettrait de concevoir le corpus de revendications de manière ambitieuse et appropriée au contexte.
Il me semble utile de préciser qu’il ne s’agit pas, dans la construction de ce projet révolutionnaire d’éducation, de couper l’herbe sous le pied des professeurs en leur imposant un programme pédagogique qu’ils n’auraient pas conçu (ce qui est aujourd’hui de plus en plus le cas), mais plutôt de réfléchir à la manière de les inclure dans la mise en place de ce projet d’éducation.
Enfin, je précise que le MJCF aurait tout à gagner en s’emparant de cette question, car il pourrait, sans tomber dans l’idéalisme, présenter un autre modèle pour l’éducation, avec des exemples concrets répondant à une vision précise de son rôle, cohérent dans sa forme comme dans son fond. Le projet communiste que nous portons, et l’ensemble des revendications qui traitent de l’éducation, en seraient d’autant plus convaincants.
Sur la même problématique :
Pour une remise en question de l’institution scolaire, proposition pour une école émancipatrice
Nous avons vu ces dernières années que les réformes scolaires d’inspiration libérale (vendu comme “à l’Américaine”) ne visaient qu’à appauvrir les esprits, laissant le capitalisme prospérer continuant à s’imprégner encore plus profondément dans la pensée. Elles privent le prolétariat de ses plus grandes armes, sa conscience de classe et n’offrent qu’un récit national creux comme […]
Pour un service d’orientation émancipateur
Le baccalauréat est certes un point important du lycée mais il faut rappeler que les études supérieures sont des boucliers contre la précarité et le chômage. Lorsque les élèves voient être approuvées ou refusées leurs demandes d’admission, ils n’ont pas encore passé la première des épreuves du bac. Ce n’est donc pas le bac qui […]
Le soutien scolaire doit devenir un service public
Aujourd’hui le soutien scolaire soulève nécessairement des interrogations. Le développement des services privés de soutien scolaire a fait exploser les profits des fortunes bâties sur les difficultés scolaires tout en servant de niche fiscale pour les plus aisés avec la défiscalisation de 50% des coûts jusqu’à 12000 euros par an. A priori, tout est fait […]