Quelles revendications du MJCF sur le cannabis ?
par Fontaine LaurianArguments en faveur de la légalisation du cannabis.
La question de la légalisation du cannabis, est récurrente à chaque période d’élection présidentielle. Il semble important que le MJCF puisse avoir une position claire mais nuancée sur l’usage de cette substance. Cette contribution fait notamment suite à des positions « anti-drogues » prises par des camarades, que je m’efforcerais de contre argumenter.
Premièrement il faut cerner ce que désigne l’appellation drogue, par définition il s’agit d’un composé chimique, capable d’altérer une ou plusieurs activités neuronales et/ou de perturber les communications neuronales. On voit déjà que c’est très large, et que ça enveloppe beaucoup de choses. Notre définition familière désigne des produits illégaux, ou jugés impropres à la consommation. La question morale rentre donc immédiatement en ligne de compte. Les médicaments sont tous des drogues, certaines sont très dangereuses, mais socialement acceptés, et rentrés dans les normes comme étant « bénéfiques ». Pourtant la majorité des drogues dites nocives, ont des effets très similaires à ces médicaments, et beaucoup pourraient être utilisés comme tel, ce qui se fait dans certains pays.
L’alcool et le tabac, les drogues les plus répandus et de loin les plus délétères sous tous les aspects, sont pourtant légales, et l’alcool est encensé au rang de patrimoine. Le sucre, jugé plus addictif que la cocaïne et véritable désastre sanitaire du XXIème siècle, est partout dans nos assiettes. Le café, puissant stimulant, n’a lui jamais été inquiété de cette appellation. Là où je veux en venir c’est que tout peut être considéré comme drogue, et qu’appeler le cannabis comme tel, ne doit pas fermer le débat autour. Les arguments que les politiques utilisent en général, ne relèvent que de la morale, et jamais d’une analyse factuelle de la situation. Et concernant les faits, nous allons y venir point par point, je vais ici étayer les différents arguments, sans noyer cette contribution sous les chiffres et statistiques.
Déjà concernant la position de la France par rapport aux autres pays européens nous sommes le plus grand pays consommateur de cannabis. Et en parallèle, nous avons un des systèmes les plus répressifs. La weed et ses produits dérivés brassent des milliards d’euros, fournissant et faisant travailler des millions de personnes. On peut donc déjà faire le constat que malgré l’apparente interdiction, le marché se porte très bien. Se voiler la face en s’entêtant à plus de répression ne mène à rien, depuis des dizaines d’années les forces de polices s’y cassent les dents sans succès, il faut une solution viable et pragmatique. Le Portugal, face à une consommation de drogues excessive en 2001, a décidé de tout légaliser. Et à la place de miser sur de la prévention et d’augmenter le budget de santé. Les personnes dépendantes étant vues comme « malades » et non des criminels, le résultat est sans appel, 10 ans après tous les indicateurs sont au vert. Malgré ce qu’a dit l’abject Darmanin à la presse, aucun pays n’a fait marche arrière sur la légalisation, et il est montré qu’elle n’augmente pas le nombre de consommateurs, voir fait baisser les courbes.
Sur la question de santé publique, il est évident que le cannabis a un impact. Il est très dangereux pour les plus jeunes, surtout les cerveaux en développement, et peut engendrer plusieurs complications à l’âge adulte, plus la consommation est forte et régulière. Néanmoins il faut relativiser ses effets, encore en partie inconnus faute d’études à grande échelle. Il est nocif certes, mais passé 25 ans, c’est surtout le tabac, servant à le couper qui est le principal risque. Et comparé aux autres drogues, il est largement en dessous. Surtout de l’alcool, qui lui fait des ravages quel que soit l’âge. Le cannabis à des effets stables, sans risque d’overdose ou de décès, et, malgré les idées reçues n’a pas un potentiel addictif si important. Le contexte sociologie dans lequel vie l’enfant, est la première cause d’addiction future, et non ce qu’il consomme. Ce faible risque le rend très populaire dans la médecine alternative pour remplacer des composés très durs comme la morphine. De nombreuses personnes âgées se tournent maintenant vers le cbd pour soulager des douleurs, nécessitant en temps normal, des produits bien plus forts. Plus régulé et encadré le cannabis est une véritable alternative potentielle, plus douce que les traitements actuels.
D’un point de vue plus économique, la répression à un cout très cher. Cela prend un temps monstrueux aux forces de l’ordre, qui ne luttent presque plus que contre ça dans certains quartiers. En plus du système judiciaire, complètement saturé par les délits de trafic de stups, tout comme les prisons, surchargées de jeunes vendeurs (la plupart n’ayant eu guère plus d’opportunités). La légalisation, déchargerait tous ces organes, leur permettant de se consacrer à des sujets plus pressants, comme les VSS, oubliées de la justice. Qui plus est la légalisation ferait rentrer beaucoup d’argent, par la TVA notamment et deviendrait un secteur à part.
Cette légalisation permettrait aussi un encadrement strict du produit, réduisant une partie des problèmes de santé. Problèmes venant notamment de la provenance souvent douteuse du cannabis, le shit étant souvent coupé avec des produits très nocifs. Avoir un contrôle sur ce qui se vend, c’est permettre une meilleure prévention des risques et stopper la contrebande de produits de synthèse, de plus en plus puissants. Le client comme l’état ont à y gagner.
Une question reste néanmoins en suspend à raison, quid des banlieues ? Dont l’économie tourne (par endroit) en grande partie grâce au trafic de stups. Il faut sur ce sujet évidemment rappeler que la légalisation se fait dans un contexte global, et n’est pas une mesure individuelle. Elle doit intervenir dans un programme construit en parallèle avec d’autres mesures, sans quoi elle est effectivement vouée à l’échec. L’état devra veiller à l’accompagnement des dealers vers un statut légal, effacer les casiers judiciaires, empêcher toute appropriation des entreprises sur ce marché, encourager les producteurs locaux etc.
Il est envisageable de combiner la légalisation avec un apaisement dans les cités, régularisant au passage bon nombre de jeunes, mais pour ça, cela doit être fait par un gouvernement bienveillant et conscient des enjeux que cela implique.
La question du cannabis est donc est bien plus complexe que simplement dire « c’est une drogue c’est à proscrire », et sans même rentrer dans les détails des chiffres, on se rend compte de l’ampleur du sujet. Arrêtons l’hypocrisie face au cannabis, et affrontons-le réellement.
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