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par Paolo Bidault

Intersectionnalité ou marxisme ?

Comment la Jeunesse Communiste, en tant qu’organisation marxiste, doit elle se positionner vis à vis de l’analyse et de la pratique militante intersectionnelle ? De prime abord, le clivage entre ces deux conceptions peut paraître pointilleuse ou tendancieuse mais il n’en est rien. Le marxisme ne nie absolument pas les différentes oppressions subies par les minorités et les femmes par exemple, il analyse seulement leurs causes de façon matérialiste, et c’est parce qu’il l’analyse différemment qu’il faut mettre en avant cette distinction, d’autant qu’elle implique une différence fondamentale dans la pratique.

L’intersectionnalisme, qu’est-ce en substance ? Je le résumerai ainsi : les oppressions subies sont le fruit d’un processus historique et elles le sont par des minorités peu organisées. Pour lutter contre, il faut organiser les minorités dans une seule structure qui défendra leurs intérêts, qu’ils soient ultra minoritaires ou que leurs oppressions aient une origine commune, ou non. Ils ne nient pas les classes sociales mais analysent l’enchevêtrement des différentes oppressions. De même, il incombe de ne pas hiérarchiser ces oppressions, cet aspect est déontologique.

Quelle est notre analyse en substance ? Les oppressions sont le fruit d’un processus historique et des rapports de classes, et si nous voulons les traiter de façon plus radicale, il importe de lutter contre ce qui les a causé, le rapport de classe présent. Il n’est pas forcément question de dire, comme certains le caricaturent, que toutes ces questions de genre, d’handicap ou de rapports raciaux, par exemple, se résoudront d’elles même sous le socialisme, puisque le rapport de classe n’est pas le seul facteur à prendre en compte, aussi existent le processus historique, les restes de la superstructure passée, du droit ou la culture par exemple.

Nous observons une différence entre ces deux conceptions, l’une tend davantage à réifier, sortir de l’époque et du contexte, les oppressions, c’est l’intersectionnalité. En effet, se battant contre tout type d’oppression et en tout lieux, elle peut parfois confondre les époques, les pratiques et leurs bases matérielles (leur rôle dans la superstructure), tendre donc en plus de la réification vers l’idéalisme. Ainsi on entendra que les romains étaient racistes car désignaient les non romains comme barbares. Cependant la société romaine étant tout autre que la notre, il est évident que les deux conceptions ne se recoupent pas. Il en va de même pour le sexisme sous le féodalisme et le sexisme sous le capitalisme, qui ne portent le même nom que parce qu’ils recouvrent des grands traits, la séparation des activités sociales selon les sexes. La nature de la séparation et de sa désignation restent flous si l’on n’y inclut pas la production.

Alors qu’est-ce qui nous empêche concrètement de tomber dans ces travers ? L’analyse de classe. Ce sont elles les moteurs des sociétés car ce sont elles qui déterminent les rapports sociaux de production, qui produisent de fait toute la structure du droit mais aussi les interactions sociales et donc tout l’aspect sociétal. Nous pensons ainsi que les femmes et minorités sont aussi définis par leur appartenance de classe. En prenant le pouvoir en tant que prolétariat, sans avoir jamais mis sous le tapis nos revendications et ne s’être mobilisé contre les injustices lié à la race, au genre ou autre, nous lutterons efficacement contre leurs oppressions. L’État socialiste permet de lutter plus efficacement que l’État bourgeois puisqu’il n’a intérêt à l’oppression. Se contenter de la réforme n’est pas suffisant, puisque la racine de ces oppressions est toujours là, que le rapport de classe n’est pas renversé, et que la lutte sera plus laborieuse, en témoigne la difficulté rencontrée dans certaines luttes féministes ou anti racistes dans certaines parties du monde. A contrario, regardons Cuba, où subissaient avant la révolution les populations noires et métis (descendant d’amérindiens, colons pauvres, esclaves) les mêmes ségrégations vis à vis de l’élite blanche (descendance non métissée de colons européens riches et nobles) que toute l’Amérique latine, et qui aujourd’hui n’a plus de problèmes de racisme. Regardons la Russie Bolchevik avec l’avortement (dès 1920), la dépénalisation de l’homosexualité (dès 1917) ou l’arrêt très rapide de la pratique des pogroms, tout ça est l’œuvre du prolétariat au pouvoir. Et ses conséquences sont tout autre à la recherche systématique d’aménager le capitalisme aux problématiques de minorités ou des droits en général.

L’analyse en terme d’intérêt de classe nous permet aussi d’entrevoir une dérive idéologique de l’intersectionnalité déjà présente aux États-Unis, c’est à dire une analyse uniquement particulariste des rapports sociaux, et non pas de classe. Ainsi à terme les femmes voteraient davantage pour une femme présidente par exemple, alors même qu’en dehors du fait qu’elles soient toutes deux femmes, leurs conditions sociales ne sont pas du tout comparables. Le prolétariat se retrouverait ainsi potentiellement divisé selon ses oppressions et particularités, ce qui l’empêcherai, du moins avant une évolution de la société, de développer une conscience de classe. En somme ce particularisme peut se transformer en collaboration de classe sur base du particularisme. Et baisserait d’autant l’intensité de la lutte des classes.

Il semble cependant tout à fait pertinent de considérer, comme le font parfois les intersectionnels, les enchevêtrements entre race et classe, dans le sens où le capitalisme tend à aller vers la stigmatisation des minorités pour se perpétuer.

En revanche, je ne pense pas qu’il faille s’interdire par principe tout travail de terrain avec des organisations intersectionnalistes, en effet même si notre objectif et nos moyens ne sont pas les mêmes, nous pouvons nous retrouver sur certaines revendications ou luttes.

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