Quelle campagne internationale pour le MJCF ?

par Assan Lakehoul

La campagne Palestine doit permettre de renforcer le MJCF

A l’échelle locale comme nationale, la campagne internationale du MJCF intitulée “Les droits du peuple palestinien, élément essentiel, symbole de la lutte contre l’impérialisme et le colonialisme” rencontre des difficultés dans son animation. Pourtant, cette campagne devrait permettre au MJCF d’aller à la rencontre de nombreux jeunes, de se renforcer, et de développer des gestes militants particuliers. 

Dans cette contribution, l’objectif sera de mettre à plat certaines difficultés que rencontre la campagne, et de proposer des pistes de réflexion pour les dépasser. Cette contribution se veut être une ouverture au débat, et devra être critiquée et enrichie collectivement. 

Pourquoi une campagne internationale au MJCF ?

Dès sa création, le MJCF a impulsé des campagnes internationales. Une des premières campagnes fortes du Mouvement est la lutte contre l’envahissement de la Ruhr en 1923. C’est surtout la campagne contre l’Apartheid et pour la libération de Nelson Mandela qui reste dans les consciences collectives militantes la campagne internationale phare dans l’histoire du Mouvement. Cette campagne avait alors ses gestes propres (actions coup de poing, manifestations, vente de matériel…) et a permis au Mouvement de se renforcer.

L’idée de faire vivre la solidarité entre les peuples à travers nos campagnes internationales a toujours fait partie des priorités des Jeunes Communistes. Derrière ces campagnes, l’intérêt politique est fort : faire pression sur le gouvernement pour que la France joue de sa diplomatie pour obtenir des avancées en vue de libérer les peuples de l’impérialisme. 

Le peuple palestinien est plus isolé que jamais. Les communistes d’Israël et de Palestine sont très clairs. D’après eux, deux leviers principaux doivent être activés pour faire avancer la paix : l’unité du peuple palestinien, et la mobilisation de la communauté internationale. S’il est de la responsabilité des organisations politiques palestiniennes d’enclencher le premier levier, le deuxième est bien de notre ressort. 

L’enjeu politique est donc le suivant : lutter à l’échelle de la France pour que la communauté internationale reconnaisse clairement l’état palestinien, et ramène le gouvernement israélien dans le respect du droit international, condition essentielle pour la paix. 

Aussi, mener cette campagne internationale nous amène à parler de coopération entre les peuples, d’internationalisme, de lutte contre l’impérialisme… Mener une campagne internationale nous permet de parler de communisme. A ce sujet, le texte de notre 42^ème congrès indique que : « [Nos] campagnes, outre leurs buts respectifs affichés, sont des portes d’entrée dans le combat pour le dépassement du capitalisme et la construction d’une société nouvelle, le communisme ».

Enfin, nous sommes maintenant convaincus de l’intérêt de se doter de campagnes structurantes. Cela permet d’avoir une cohérence nationale et d’avoir pour objectif d’être identifié sur certaines questions comme étant l’organisation de jeunesse de référence. La campagne « Palestine » est structurante, dans le sens où elle doit nous permettre de développer des gestes uniques (organisation d’événements de masse, pétition, interpellation d’élus locaux, de collectivités territoriales…), et de faire des contacts et adhésions grâce à ces gestes. 

Si la campagne Palestine n’a pas pour vocation de nous organiser au plus près des jeunes en créant des échelons locaux, elle doit nous permettre de nous renforcer numériquement grâce aux gestes qui lui sont propres. Elle contribue aussi à la cohérence nationale du Mouvement. En ce sens, il s’agit d’une campagne structurante. 

Les difficultés rencontrées par la campagne

La crise du Covid-19

La crise inédite du Covid-19 est venue perturber grandement notre organisation. Au vu de l’urgence de la situation, le Mouvement s’est centré sur la précarité de la jeunesse en France, dénonçant l’inaction du gouvernement tout en faisant vivre la solidarité concrète. Ne pas le faire aurait été une erreur. 

Aussi, le confinement puis les mesures sanitaires ont rendu impossible l’organisation d’évènements de masse, qui prennent une place particulière dans cette campagne “Palestine”. 

Le manque d’animation nationale

La direction nationale a également pu pécher par moment, par manque de dynamisme autour de cette campagne. La commission Palestine du Conseil National est trop faible numériquement, les temps nationaux (CN, stage cadre) autour de cette question ne suscitent souvent que trop peu de débat et d’enthousiasme de la part des camarades. « Le conseil national est responsable de l’animation des campagnes nationales » rappelle le 42^ème congrès. 

Le MJCF, seul au front ?

Nos partenaires habituels (Mouvement de la Paix, AFPS, PCF) sont moins mobilisés sur la question palestinienne depuis quelques années. La Palestine est relativement absente médiatiquement en France, hormis lorsque les tensions s’exacerbent et que le spectaculaire prend le dessus. Dès que les bombes arrêtent de pleuvoir, les médias détournent le regard. Bien que de nombreux évènements ont lieu chaque semaine, l’actualité des peuples israéliens et palestiniens n’est que très peu relayée. Cette absence médiatique (que nous pouvons approximativement dater de 2014) explique en partie les difficultés que nos organisations partenaires (et nous-même) rencontrent pour mobiliser sur cette question. Parallèlement, la nature et une partie de l’extrême gauche ont horreur du vide, et des organisations avec lesquelles nous avons certaines divergences (partisans de la solution à un État, organisations communautaires ou théologico-politiques, voire adversaires de l’existence d’Israël…)  occupent le terrain, rendant d’autant plus difficile la mobilisation. 

Peu d’évolution notoire pour le peuple Palestinien

Le combat international peut parfois paraître lointain, et les perspectives sont donc peu palpables. La lutte pour la paix en Palestine et en Israël ne fait pas exception. S’ajoute à cela l’absence de victoires significatives depuis plusieurs années, pouvant entraîner une forme de résignation. Pire, le gouvernement Netanyahu entraine des régressions sans précédents pour le peuple palestinien. La présidence de Donald Trump est également venue amplifier ce phénomène, faisant s’éloigner encore un peu plus un espoir de paix. 

Des débats politiques à régler 

Enfin, la complexité du Proche et du Moyen-Orient, tout comme l’histoire du conflit israélo-palestinien nous oblige à être rigoureux et fin dans l’analyse. Le MJCF doit éclaircir sa position sur différents sujets, et le maximum de camarades devront être impliqués dans ces temps d’échanges et de débats. Nos rapports avec nos partenaires politiques devront notamment être éclaircis et des questions théoriques doivent être tranchées.

Des difficultés surmontables  

Chaque difficulté rencontrée par la campagne, prise une par une, est largement surmontable. Cela nécessitera un travail sérieux à chaque échelon du Mouvement. Certains débats politiques devront être mis à plat, tout comme les objectifs de la campagne, fédération par fédération. Un travail important de suivi devra permettre d’appuyer les directions fédérales dans l’animation de la campagne. 

Si l’axe éducation de la campagne Besoin et Aspiration des Jeunes nous permet de nous implanter au plus près des réalités de la jeunesse, l’axe Emploi, tout comme la campagne « Palestine » doivent nous permettre, toute l’année, de nous adresser aux jeunes par un autre angle. Localement, nationalement et à l’échelle internationale, de nombreux partenaires sont prêts à travailler avec le MJCF. C’est à nous de les contacter, et de nous mettre en dynamique, avec eux. Nous l’avons vu tout au long de l’année 2021, nous sommes en capacité d’imposer nos idées dans l’espace publique, nous sommes en capacité de mobiliser les jeunes, nous devons être en capacité de faire vivre la campagne « Palestine », nous renforcer grâce à celle-ci, et rendre incontournable la lutte du peuple palestinien !

De nombreux jeunes s’engagent sur des questions au plus proche de leur réalité, d’autres sur des enjeux plus éloignés. Avec la campagne Palestine, allons chercher ces jeunes-là, renforçons le Mouvement, et mettons au service de la jeunesse du pays un outil de lutte : le MJCF.

L’aspiration à la paix entre les peuples fait la nécessité de la campagne, les gestes d’organisation qui lui sont propres en font sa force.