Quelles revendications du MJCF pour sortir de la précarité étudiante ?
par UEC ToulouseLa place de l’UEC dans la démocratie étudiante
Héritier des grands mouvements de protestation estudiantine de mai 68, le système de démocratie étudiante tel qu’on le connaît aujourd’hui se définit par la cogestion de l’Université. La situation de la démocratie universitaire en France se caractérise par sa fragilité et son étroitesse. Fragile, parce que les élu-e-s étudiant-e-s sont, depuis la loi LRU, moins nombreuses et nombreux que les personnalités externes, dans tous les cas de figures, puisque qu’au maximum, le conseil d’administration peut compter au maximum 5 élu-e-s étudiant-e-s et doit compter au minimum 7 personnalités extérieures. Étroite, parce que les élections ne sont jamais pleinement représentatives que de celles et de ceux qui ont voté, or il est indéniable que l’abstention étudiante aux élections qui leur sont exclusives, 13,8% de participation uniquement selon un rapport public de l’association Civisme et Démocratie, dépasse un seuil par delà lequel, on ne peut considérer les élections universitaires comme représentatives.
Cela ne doit cependant pas nous empêcher de participer aux élections et de faire campagne lors de ces temps qui peuvent être des temps de politisation pour certain-e-s étudiant-e-s, comme les élections françaises (nationales ou locales) bien que l’abstention très majoritaire doit nous rappeler que l’engagement des étudiant-e-s sera proportionnel et donc moindre ; à cet effet, il ne faut pas y déployer autant d’énergie et de fond. La portion congrue de moyens qu’il faut engager dans les élections universitaires repose sur trois principaux critères, qui devront être analysés par chaque secteur, afin d’évaluer la force de l’engagement qu’il devra mettre en œuvre.
Le premier critère, ce sont les apports d’une élection (et d’une campagne) au secteur. La campagne électorale apporte une visibilité certaine, cependant les temps où les camarades sont mobilisés plusieurs fois par semaine pour tenir une table, discuter avec les étudiant-e-s ou distribuer des tracts ne doivent en aucun cas être l’apanage des campagnes universitaires. Il serait problématique d’engager trop de moyens (tant humain que matériel) lors des campagnes et d’observer le reste du temps, un secteur exsangue de ses forces et de ses moyens.
Gagner une élection apporte de la légitimité, des financements et de l’information. Tout à la fois, obtenir des postes au sein de l’université, permet de se présenter en tant qu’élu et représentant face aux étudiant-e-s, offre au secteur d’importantes subventions pour faire vivre et consolider l’organisation, et permet au secteur d’être immédiatement au courant de l’état interne de l’université. L’information est importante, pour que l’UEC sache ce qu’il se passe et anticipe les événements qui vont impacter les étudiants permettant ainsi à l’organisation d’être à l’avant garde des luttes et mobilisation sur le campus.
Mais, sans être défaitiste, tout secteur doit évaluer les gains qu’il peut espérer avant de se lancer dans la course électorale ; aux élections des conseils centraux pas un centime ne doit être dépensé sans avoir conclu, après analyse, aux estimations de victoire et que ces conjectures sérieuses affirment que toute somme engagée soit inférieure aux subventions espérées.
Le second critère, c’est les possibilités d’un poste. L’obtention d’un poste permet de travailler avec les associations et les universités et de se faire connaître pour cela. Au vu de l’affaiblissement considérable de la place des élu-e-s étudiant-e-s, une voix aux conseils universitaires ne porte pas d’intérêt en soi. Le seul intérêt d’un poste, c’est le travail que pourra fournir le camarade. Ce travail est déterminé par la disposition des conseils à confier des dossiers aux élu-e-s communistes. C’est le fruit d’un travail de dialogue avec toutes les composantes de la communauté universitaire représentée et d’une assiduité régulière. En ce sens, les possibilités qu’offrent un poste dépendent de la situation associative de l’université, des rapports de force au sein des élu-e-s non-étudiant-e-s des conseils (qui sont largement majoritaires) et des relations entretenues avec ceux-ci. Si un siège ne permet pas de travailler avec des associations étudiantes, ni ne permet de mener des projets, l’intérêt pour une élection baisse grandement.
Le dernier critère, ce sont les limites du secteur. Limite humaine d’abord ; aucun secteur ne doit envoyer l’intégralité de ses adhérent-e-s car un mandat représente une accumulation de travail qui, pour les adhérent-e-s non encore formé-e-s, est un frein à leur maturation politique, qui s’obtient par un travail de terrain et une participation intense aux formations. Il faut laisser aux nouveaux adhérents le temps de se former par le militantisme et les formations, non les submerger du travail de conseiller-ière universitaire. Participer aux élections est un travail pour des camarades formés, ce qui n’est pas synonyme d’ancienneté, et qui peuvent y dédier de leur temps sans que le militantisme du secteur en pâtisse. La formation politique et la motivation sont les facteurs essentiels de la désignation des candidat-e-s. Il est tout aussi impensable d’envoyer en candidature aux places éligibles, des adhérent-e-s dont la qualité politique n’est pas sûre, que des adhérent-e-s politiquement expérimentés mais sans volonté. Limite financière ensuite, car vivre des subventions serait dépendre de sommes dont nous ne sommes pas maîtres des montants, ceci aurait tendance à faire dépendre financièrement le secteur et par extension le cercle et la fédération de subvention d’élu, invisibilisant ainsi tout l’intérêt militant et organisationnel de l’animation de la vie financière.
En somme, la participation aux élections universitaires ne permettra pas de changer l’université, et elle ne doit être qu’un moyen, non une fin. La qualité de moyen dépend de ce que les secteurs auront réfléchi à la question et sauront les apports qu’ils cherchent et les écueils auxquels ne pas échouer. Cette participation (ou non) doit dépendre d’une fine analyse et d’une bonne stratégie adaptée au réel du secteur et du cercle.
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