Quels services publics voulons-nous ?
par Emma SavePour une Sécurité alimentaire
La crise sanitaire a montré une nouvelle fois l’échec du système à garantir la satisfaction des besoins de bases de la population. La crise sociale du Covid-19 a donné lieu à un sombre spectacle qui était déjà en coulisse. Longues ont été les files d’attentes d’étudiants dans les centres de colis alimentaires. La continuité de la tenue de ces centres est d’ailleurs incertaine à la rentrée. Ceci démontre l’incapacité de ces étudiants d’assurer seuls leurs besoins de base et notamment l’alimentation, malgré l’existence d’aides financières comme les bourses, insuffisantes à l’évidence …
C’est pourquoi pourrait être initiée la prise en charge dans le cadre de la Protection sociale par la Sécurité sociale ou autre, l’accès universel à l’alimentation selon les termes du projet d’Ambroise Croizat. D’après l’Article 22 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l’effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l’organisation et des ressources de chaque pays.».
La notion de Sécurité alimentaire existe déjà, et demeure soutenue par des organismes comme l’Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cependant, aucun plan de redistribution alimentaire n’ayant jamais été déployé, nous devrions proposer un programme pour que la Sécurité alimentaire donne lieu à la création de centres de distribution alimentaire accessible à tous, à l’instar de systèmes déjà existants tel que le système de santé.
– Sécurité alimentaire : dignité alimentaire face aux dégâts engendrés par le capitalisme.
Le système de santé de la Sécurité sociale permettant l’accès indéfectible aux meilleurs soins, la Sécurité alimentaire devrait assurer une dignité alimentaire. Ce système impliquerait en effet de prendre en compte les problématiques de malnutrition et assurer une alimentation décente, que ce soit sur le plan nutritif ou encore calorique, d’après les préconisations médicales d’organismes comme l’Organisation mondial de la santé (OMS).
Le système capitaliste est incapable de toute réflexion autour d’une planification sociale, au profit de la rentabilité. En effet, les abus capitalistes ne prennent pas seulement forme dans une inégalité pour l’accès à l’alimentaire, mais également dans des dérives par soucis de rentabilité, telle une surproduction agricole à l’origine de l’appauvrissement des sols et d’une érosion significative. Par exemple, tous les ans en Haute Garonne, 15 à 20 tonnes de bonne terre partent dans la mer par la destruction de la biomasse. Et dans ce contexte de surproduction et d’utilisation de produits phytosanitaires, il est difficile de généraliser la culture biologique.
Ce système absurde promeut également, lors de la transformation alimentaire, l’usage d’additifs nocifs et de substituts alimentaires, comme par exemple l’ajout de sucres dans des aliments divers ne nécessitant à priori pas leur présence dans la recette, à l’image du sirop de glucose dans le jambon et autres exhausteurs de goût … Ces pratiques mettent à mal l’agriculture et ont des répercutions délétères pour la nature, il en est ainsi de la sélection d’une céréale unique jugée « rentable ». Celle-ci est « cassée » afin d’en soustraire des sous-composants type dextrose, glucose etc. ayant peu de valeur nutritive, par souci de profit en économisant de la matière, le tout sous couvert d’une pseudo valeur marketing. Cela participe à l’épidémie de malnutrition dans laquelle le sucre occupe une place de choix.
De plus, la financiarisation de la société pousse des traders et des investisseurs à acheter à chaque instant des céréales au plus bas prix à l’international. Ce qui implique des coûts écologiques, notamment dans les transports ainsi qu’une délocalisation. La relocalisation serait source d’emplois alors qu’aujourd’hui certains agriculteurs français font appel à la main d’œuvre étrangère dans des conditions inacceptables. La France compte aujourd’hui seulement 400 000 agriculteurs, alors qu’elle en comptait 4 fois plus il y a 40 ans.
Enfin, la Société d’aménagements fonciers et d’établissement rural (SAFER), dont la France demeure le seul pays d’Europe à en disposer, était gérée par des commissions locales, dont des agriculteurs et des maires, et était encadrée par des lois. La France avait la meilleure protection juridique en terme de rachats de terres agricoles. Or la valeur foncière de ces terrains ayant été remplacée par un système de parts sociales, la SAFER perd sont droit de regard ce qui a permis à des étrangers, comme des chinois par exemple, et des sociétés privés d’acheter des terres en France. La terre étant gérée de manière capitaliste, comme une entreprise, il faut sortir de ce système de gestion agricole, au profit d’une agriculture paysanne, afin également que les terres restent une production française si on veut garantir la souveraineté alimentaire. De fait, le modèle de la sécurité alimentaire suppose une souveraineté nationale dans le domaine agricole et la socialisation de l’agroalimentaire (nationalisation, coopératives etc.).
– Sécurité alimentaire : la remise en cause du capitalisme dans une logique de transformation sociale, écologique et économique.
La Sécurité alimentaire serait un pas vers la fin du système du supermarché ingrat envers les agriculteurs et impliquant un gaspillage sans précédent en faisant miroiter toujours plus de choix. Cette abondance demeure là aussi à débattre, au vu de la disparition de produits que le marché ne juge pas suffisamment vendeur. Cet étalage fallacieux est également à l’origine d’une incohérence en ce qui concerne les produits de saison. C’est pourquoi la Sécurité alimentaire ne pourrait pas prendre la forme de bons d’achats utilisables en « grandes surfaces » et il vaudrait mieux privilégier la souveraineté du service public quant à la redistribution des richesses alimentaires.
Des modèles déjà existants répondent en partie à cette démarche en prônant des modèles de consommations alternatifs tels que l’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP). Toutefois ces services sont payants et il demeure primordial que le service public s’emploie à promouvoir la dignité alimentaire et la rendre accessible pour tout le monde.
La part du budget allouée à l’alimentaire a diminué dans les ménages moyens, car dans les années 1960 et 1970 un ménage moyen y consacrait 60% de son budget, tandis qu’aujourd’hui la part s’élève à 10% à 15%. L’alimentation n’est plus une priorité pour une part de la population et le budget des ménages souffre d’autres dépenses tels que l’énergie, le logement, les transports, le vestimentaire, les divers abonnements, et autres dépenses devenues indispensables dans ce système capitaliste. Pour les ménages pauvres, dont fait partie la jeunesse, les dépenses alimentaires restent parmi les plus conséquentes, autour de 20%.
Ainsi, cette proposition viendrait contrecarrer les différents assauts perpétués par les libéraux. Une position offensive et non défensive permettrait de s’assurer de ne pas perdre du terrain sur les conquêtes sociales.
L’autarcie totale ne demeure pas souhaitable mais des modèles existaient déjà pour palier à ça, dont le troc à l’international, à l’image de la société Interagra Jean-Baptiste Doumeng, un système mené jusque dans les années 1990 avant la financiarisation de l’agriculture.
Dépasser le système capitaliste rendrait l’agriculture biologique possible dans le cadre d’une agriculture raisonnée, et non dans la logique absurde de rendement actuelle. De plus, comme le pétrole, les terres, si elles sont surexploitées, ne sont pas inépuisables.
La situation est alarmante, dans tous les domaines. Face aux crises sociales, écologiques et économiques à venir, un modèle comme la Sécurité alimentaire serait ainsi un pas vers le renversement souhaitable du modèle capitaliste.
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