Quel féminisme voulons-nous ?

Le MJCF doit se positionner en faveur de l’abolition de la prostitution

La prostitution est un sujet éminemment politique, social et féministe, qui concerne notamment les jeunes, et dont le MJCF doit s’emparer.

En France, en 2015, on estimait entre 37 000 et 44 000 le nombre de personnes prostituées. Sur cette estimation de personnes en situation de prostitution, 85% sont des femmes. On observe en France un grand nombre de prostitué.es mineur.e.s. En effet, c’est environ entre 6 000 et 10 000 adolescentes, âgées entre 13 et 17 qui se prostituent.

La prostitution se retrouve aussi chez les étudiantes, et si les chiffres sont assez approximatifs nationalement, certaines études locales comme celle de l’amicale du Nid à Montpellier, ont révélé que 4% des étudiant.e.s interrogé.es se sont déjà prostitué.es. « 15,9 % des étudiant.es déclarent quand à elles pouvoir envisager le recours à la prostitution en cas de situation très précaire » nous précise le rapport.

La prostitution prend plusieurs formes, sur les réseaux, dans la rue, grâce à des agences d’escorting… Mais elle est en grande majorité régie par des réseaux de traite humaine de femmes issues de l’immigration. On estime en effet à 93% la part de prostituées étrangères. Et pour cause, la traite humaine est la deuxième forme de criminalité la plus lucrative derrière le trafic de drogue.

Partant de ce constat, le mouvement des jeunes communistes de France doit prendre position en faveur de l’abolition de la prostitution. D’abord pour mettre fin aux réseaux de traite humaine. Cette forme d’esclavage moderne est subi tous les jours par des milliers de femmes, et les dispositifs censées les protéger ou leur donner une alternative sont encore trop faibles.

Ensuite, pour continuer à mener la bataille des idées pour faire admettre l’acte de prostitution comme une violence sexuelle et non comme une activité professionnelle. Considérer l’acte de prostitution comme une violence sexuelle, c’est aller au bout de notre analyse du patriarcat.

La prostitution, très largement pratiquée par les femmes pour les hommes, est une conséquence directe de la domination masculine. La prostitution est une institution sociale à l’usage quasi exclusif des hommes. Elle est une industrie essentiellement vouée au plaisir masculin, ce plaisir étant compris en termes de pouvoir et pas seulement en termes de « satisfaction sexuelle ».

Notre positionnement abolitionniste doit s’accompagner de revendications concrètes pour lutter contre les réseaux de proxénétisme en France, et faire que les victimes de la prostitution aient le droit à un parcours de sortie de prostitution adapté, qui permettrait la prise en charge et l’accompagnement global des personnes désirant sortir de la prostitution (logement social, accompagnement médical, réinsertion sociale et professionnelle).

Aussi, il est nécessaire de traiter la question plus globalement en accompagnant les individus dès l’enfance dans une construction bienveillante et éclairée de leur sexualité. Pour cela, la mise en place de cours relatifs à la vie affective et sexuelle tout au long de la scolarité serait une mesure à mettre urgemment en place. Elle permettrait de de construire dès l’enfance l’idée que l’exploitation sexuelle est une violence, et que le sexe ne doit être en aucun cas un service donné contre rémunération.