Quelle orientation du MJCF sur l'Union Européenne ?
par Antoine HamriaPour la dissolution de l’Union Européenne
Naissance d’une organisation impérialiste et anticommuniste
L’Union Européenne est née dans une optique guerrière. Au début des années 1950, la CECA apparaît comme le seul moyen de faire accepter aux peuples européens le retour des productions stratégiques de charbon et d’acier aux mains du capital allemand. Les peuples avaient bien raison de s’en soucier puisque la proposition de réarmement suivait. Les Etats-Unis comptaient en effet sur une RFA remilitarisée pour jouer le tampon à la frontière des pays socialistes. Là encore, le projet européen a été utilisé pour proposer une armée supranationale, la CED, sous direction de l’OTAN.
L’Union Européenne, malgré le rejet de la CED par la France, est née comme une institution de guerre froide. Elle a pour buts initiaux d’ancrer les pays européens dans le bloc de l’Ouest, et de tirer un trait sur les crimes de l’impérialisme allemand pour lancer une nouvelle unité occidentale contre l’Union Soviétique.
Aujourd’hui, bien que le bloc de l’Est se soit effondré, l’UE fait toujours preuve d’un anticommunisme profond, en témoigne la résolution du 19 septembre 2019 votée par le parlement européen, amalgamant le communisme au nazisme. Elle est également restée profondément liée à l’OTAN et est par conséquent, alignée sur la politique américaine vis à vis de la Russie.
Le libéralisme imposé à la matraque
Toute l’évolution de l’UE marquée par cette dynamique originelle. Les traités successifs n’ont de cesse de renforcer cette logique. Ils fixent le capitalisme comme horizon indépassable des civilisations humaines et assimilent entièrement libéralisme et démocratie.
Pour cette raison, les traités européens ont toujours été dénoncés par les communistes et les syndicalistes de classes.
Les institutions européennes sont entièrement mises au service des capitaux dominants. Non seulement au service des capitaux européens pour l’exploitation des pays sous domination impérialiste avec lesquelles l’UE a le monopole des négociations commerciales ; mais au service de la domination des capitaux français et allemands sur des pays semi-périphérique. L’Allemagne est ainsi devenu le partenaire économique et commercial principal de la plupart des pays d’Europe de l’Est. Le maintient d’une monnaie forte alignée sur l’ancien Deutsche Mark au sein de l’Union douanière a permis à l’industrie allemande d’écraser la concurence au sein de la zone euro.
La Banque Centrale Européenne a un mandat correspondant aux intérêts des capitaux allemands, il est un quasi-copié-collé des statuts de la Bundesbank. Qu’il s’agisse de son rapport à l’inflation ou de son impossibilité de prêter aux Etats membres sans passer par les marchés financiers.
L’hégémonie allemande sur l’UE se traduit enfin par un nombre extrêmement important d’allemands à la tête de institutions européennes.
L’UE à l’origine des grandes mesures anti-sociale
Bien sûr, le patronat français se félicite de l’adoption depuis quarante ans de lois détruisant le code du travail et le système de retraite par répartition. Mais, ces réformes sont aussi exigées par les institutions européennes dans le cadre de l’application des grandes orientations de politique économique.
Ainsi, la loi El Khomri, passée par 49.3 alors que 75% des français y étaient opposés était le fruit d’une recommandation de la Commission européenne de 2015. Des réformes similaires ont d’ailleur été passé en Italie et en Belgique entre 2015 et 2017, là encore contre la volonté des peuples concernés. La réforme de la SNCF est elle aussi une application des recommandations de la Commission. Cette dernière prônant l’ouverture à la libéralisation du transport ferroviaire depuis les années 1970.
Quand à la loi ORE, et la sélection à l’université, sont elles, l’aboutissement du processus de Bologne annoncé en 1998. Ce dernier ayant pour objectif d’inscrire les logiques néo-libérales dans l’enseignement supérieur.
Un simple paravent pour les gouvernants nationaux ?
Certains aiment à se laisser penser que l’UE n’est qu’un paravent, que la souveraineté nationale est une bataille secondaire, que les gouvernements bourgeois se cachent derrière les institutions de l’Union pour faire passer des mesures qu’ils auraient de toutes façons imposées même dans une France souveraine. C’est une position erronée. L’exemple grec prouve que l’UE est bien plus que ça, et que face à un peuple qui marque son rejet des politiques austéritaires, elle est capable de mettre en branle une véritable machine de guerre économique pour mettre un peuple à genoux depuis l’étranger.
L’Union n’est pas seulement un paravent des différents gouvernements nationaux, comme il est facile de le croire dans un pays dont les capitalistes sont dominants. Ces relations nationales sont inégales et les uns sont bien mis sous domination des autres. Il est facile de dénoncer l’UE comme une « coquille vide » ou un « paravent des décisions du gouvernement » quand ce sont effectivement les gouvernements au service des capitaux français et allemands qui dictent l’agenda. L’UE peut nous sembler inoffensive, puisqu’elle n’est qu’un prolongement des volontés politiques de notre bourgeoisie nationale. Or,
(1) Ne pas mener un combat spécifique contre l’UE au prétexte qu’elle n’est que le prolongement de la tactique de notre bourgeoisie, et que la priorité est la lutte contre notre gouvernement national, c’est renoncer à la solidarité internationale. C’est oublier la responsabilité historique que porte le mouvement ouvrier des pays impérialistes envers les peuples sous domination impérialiste.
(2) Ne pas mener un combat spécifique contre l’UE c’est entretenir l’illusion que notre bourgeoisie nationale ne tire pas de leçons de l’exploitation de la classe ouvrière des pays sous domination impérialiste et qu’elle ne tentera pas, une fois rodée, d’imposer ces méthodes à la classe ouvrière française. Toute l’histoire du colonialisme nous apprend qu’en l’absence de solidarité internationale, lorsque la classe ouvrière des pays impérialistes laisse sa bourgeoisie développer la pire exploitation dans les pays tiers, celle-ci revient toujours avec de nouveau outils applicable à la classe ouvrière du pays impérialiste. La solidarité internationale est donc dans l’intérêt immédiat des travailleurs et travailleuses de France.
3) Ne pas mener un combat spécifique contre l’UE c’est occulter le recul du poids économique français et le risque que le pays soit à terme entraîné dans une relation semi-coloniale avec une UE soumise entièrement et uniquement aux intérêts allemands ou transnationaux. L’alliance entre impérialismes est en train de se renverser au profit de l’Allemagne, qui a bien plus tiré profit de l’intégration des pays d’Europe de l’Est à l’UE que la bourgeoisie française. Il devient envisageable que même la démocratie bourgeoise et la souveraineté au service du capital national disparaissent en France. L’illusion selon laquelle la prise du pouvoir ou la construction d’un rapport de force favorable en France, permettrait des avancées sociales en France, parce que l’UE n’oserait pas s’attaquer à la France, en plus d’être chauvine et de renoncer à la solidarité internationale, suppose qu’un gouvernement progressiste français ait la force de s’opposer à 26 bourgeoisies coalisées et à leurs institutions, le tout sans retrouver le contrôle de sa monnaie et de ses frontières. Ce pari est hasardeux.
4) Ne pas mener un combat contre l’UE c’est aussi laisser le monopole de la critique de cette dernière à l’extrème droite et aux nationalistes. En effet à l’heure ou la colère monte contre les politiques néolibérales et les institutions européennes et que tout les référendum concernant l’UE se traduisent par un rejet de cette dernière, les communistes doivent être en mesure de proposer une rupture progressiste avec l’UE.
La rupture avec les institutions européennes doit nous permettre de proposer un nouveau modèle de relations internationales, fondé non plus sur la concurence, mais sur la coopération entre les peuples.
5) Ne pas mener un combat spécifique contre l’UE c’est enfin renoncer à la bataille pour la paix. Dans un contexte de tensions exacerbées entre Etats-Unis et République Populaire de Chine, l’Union Européenne, c’est très clair dans les discours de Van der Leyen, tente de se positionner en meilleur alliée des Yankee. Elle se réjouit de ce rôle de second couteau, et prétend tempérer les ardeurs US tout en désignant la Chine comme un rival systémique. Ne pas dénoncer clairement l’UE comme un appareil au service de l’impérialisme américain (ce qu’elle est, sur le plan géopolitique, depuis le début), c’est renoncer définitivement à une position pacifique de la France.
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