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par Dorian Mellot

Soyons offensifs sur l’emploi des jeunes !

Contrer le discours néolibéral sur l’emploi des jeunes

Que ce soit  dans l’emploi comme dans le choix des formations, plus encore avec la réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle, la politique néolibérale vise à nous contraindre à répondre aux besoins du marché. Comme l’écrivait Walter Lippmann, l’un des fondateurs du néolibéralisme, dans son livre La Cité libre :

« Il faut qu’il existe un pouvoir qui persuade ou oblige chacun à choisir une spécialité qui s’adapte aux autres spécialités. C’est exactement ce que font les prix du marché. Ils le font approximativement, et comme la plupart des marchés ne sont pas parfaits, ils le font en causant beaucoup de frictions et de souffrances humaines. Mais ils le font avec une sorte de large et brutale efficacité. Ils récompensent ceux qui choisissent la bonne spécialité au bon moment, ils infligent aux autres l’échec et la ruine. » 

C’est tout l’enjeu des dernières réformes de l’éducation, de l’apprentissage et de la formation professionnelle qui passent de la logique qualifiante (un métier qui serait trop rigide, pas suffisamment adaptable aux fluctuations du marché) à la logique certificative (« une spécialité qui s’adapte à d’autres spécialités »).

D’après des anticipations de France Stratégie, la numérisation ne va pas tant entraîner la disparition de métiers que de tâches qui pourront être automatisées. Mais cela conduira ces métiers à devoir s’adapter aux fluctuations des besoins du marché et donc à devoir s’adapter en permanence.

On nous prépare à l’idée que nous devons changer de métier, cinq fois au cours de notre carrière en moyenne, que nous aurons divers employeurs. Face à ces changements permanents et incontrôlés liés aux évolutions du marché, nous devrions donc nous résigner à devenir adaptables.

Pourtant, la volonté des jeunes est tout autre. Une note du Céreq de décembre 2020 met en évidence que 31% des jeunes salarié·e·s souhaitent progresser dans leur entreprise. On note que parmi ceux qui souhaitent changer d’entreprise ou de métier, il s’agit de jeunes qui ne sont pas satisfaits de leur rémunération, qui ont un travail pénible, pas intéressant ou qui ne correspond pas à leurs aspirations. 

Si le besoin d’évoluer et de prendre des responsabilités est très fort chez les jeunes, c’est dans le cadre d’un emploi stable, bien rémunéré et intéressant, et non comme on tente de nous le faire croire par la voie de l’entrepreneuriat ou d’un changement incessant de métier ou d’entreprise. Il n’y a pas de volonté des jeunes à être baladés comme des feuilles mortes au gré du vent du marché, mais à s’enraciner et à croître dans un travail stable et épanouissant.

C’est cette sécurité des parcours de vie, de l’éducation à l’emploi, en passant par la formation, que le MJCF doit porter et mettre au cœur de la bataille pour les jeunes travailleurs.

Sécuriser l’emploi en supprimant les contrats précaires

L’un des outils de flexibilité pour les entreprises, afin de répondre aux exigences du marché, est l’utilisation de contrats précaires et de contrats subventionnés. Ils permettent aux employeurs de gérer la masse salariale en embauchant des contrats courts ou qui leurs coûtent moins cher (aides de l’Etat, rémunération inférieure au SMIC pour les mineurs et apprentis). A la « large et brutale efficacité » du marché, nous répondons par l’assurance d’un emploi stable qui répond aux aspirations des jeunes et aux besoins sociaux.

Les principaux d’entre eux sont les CDD et les contrats de mission ou d’intérim. Le principe est simple : la durée du contrat ou de la mission est fixée. A l’issue de cette période, le contrat est automatiquement rompu sans que l’employeur n’ait rien à justifier, même s’il a toujours du travail à donner.

Les emplois précaires concernent en grande partie la jeunesse. Le premier CDI s’obtient en moyenne à 29 ans après des années de galère en CDD. Plus d’un tiers des intérimaires ont moins de 25 ans. Il faudrait s’en réjouir car cela constituerait des premières expériences alors qu’il ne s’agit que d’un sas de précarité qui ne permet pas de construire son avenir sereinement ni de se former à un métier et de s’insérer durablement.

On laisse entendre que finalement, ce type de contrat arrangerait tout le monde. Pour l’entreprise cela répond à des besoins temporaires et pour le jeune, cela constituerait une première expérience et lui permettrait d’avoir un premier salaire. Mais ces contrats, les jeunes les acceptent car ils en ont besoin pour vivre. Soit qu’ils cherchent un travail mais ne trouvent pas de CDI, soit qu’ils étudient mais ont besoin de revenus complémentaires pour vivre normalement. Ce n’est que sous la contrainte économique et financière que les jeunes acceptent des contrats précaires de courte durée et mal rémunérés.

C’est pourquoi nous nous engageons sur la suppression des contrats précaires. Toutes les embauches doivent se faire en CDI. Les contrats courts sont un frein à la lutte contre le chômage. Rien ne démontre que leur suppression créerait des freins à l’embauche selon la formule « si je sais que je ne pourrai pas rompre le contrat, alors je ne le conclus pas ». La suppression des contrats précaires n’empêchait pas de rompre le contrat, elle oblige seulement l’employeur à justifier qu’il a un motif valable de rupture de contrat, contrairement au CDD et à la mission d’intérim qui se terminent automatiquement à l’issue de la période prévue au contrat. Tandis que les contrats courts créent des parcours professionnels hachés, des périodes de chômage entre contrats et ne permettent pas de trouver un emploi stable qui permet de construire son avenir. Il faut en outre un revenu étudiant qui garantisse à chaque étudiante et étudiant de ne pas avoir à se salarier pour compléter ses revenus.

Par leur suppression, nous ôtons aux marchés financiers un outil de flexibilisation du marché du travail. Nous permettons également de poser les bases d’un emploi stable et qui assure aux jeunes la capacité de se concentrer sur leurs études puis leur travail et de se projeter dans l’avenir sereinement. C’est un élément essentiel de la sécurisation et de la maîtrise de son parcours professionnel. C’est aussi un moyen de permettre une véritable intégration dans le collectif de travail et de reconstituer des solidarités malmenées par l’atomisation de ces collectifs, notamment par le recours massif aux emplois précaires.

Cette mesure demeure cependant insuffisante bien que nécessaire immédiatement. Elle ne garantit pas le plein emploi et ne met pas fin au chômage qui demeure l’outil de régulation des besoins du capital en main-d’œuvre. Mais elle est un point d’appui essentiel au développement d’une sécurité d’emploi et de formation et à la capacité des jeunes à construire leur avenir au travail et par le travail.

Pour la porter, le MJCF n’est pas seul. Le nouveau statut du travail salarié proposé par la CGT comprend un droit au CDI, donc par opposition un emploi qui n’est ni intérimaire ni à durée déterminée, bien que demeurent dans les repères revendicatifs des revendications sur l’encadrement des CDD, notamment saisonnier. C’est également un outil cohérent avec la garantie d’emploi et la sécurité sociale professionnelle. Le PCF porte quant à lui la limitation du recours aux contrats précaire à 5% dans les grandes entreprises et à 10% dans les PME ainsi que la sécurité emploi-formation. Le Groupe de Recherche pour un Autre Code du Travail – composé de juristes spécialistes du droit du travail et créé en réaction à la loi travail de 2016 – avait quant à lui dans sa proposition de code de travail supprimé les CDD (mais pas l’intérim). D’autres organisations portent des propositions plus ou moins floues en matière de garantie d’emploi.

C’est une revendication originale qui, si elle n’est portée en ces termes que par notre Mouvement, peut rassembler d’autres organisations. Il ne tient qu’à nous de la populariser et d’en faire une revendication phare pour sécuriser l’emploi des jeunes et porter à coup à la flexibilité imposée à la jeunesse au nom des marchés financiers.

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